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Publié par Centre Béthanie

Lettre n°166 - Novembre 2019

Gorze, Novembre 2019

 

 

Chers amis,

 

 

Quel est véritablement notre rapport à la nourriture ?

 

Pour le savoir, il est nécessaire de jeûner et de prier. Jeûner ne veut pas dire « manger du poisson le vendredi », mais jeûner veut dire ne rien manger ! Pas de mastication mais seulement de la boisson, idéalement de l'eau et une boisson que l'on mangera car comme le disait Gandhi : « buvons ce que nous mangeons et mangeons ce que nous buvons », ce qui en soi est déjà une grande ascèse lorsque nous prenons conscience de notre avidité.

 

La nourriture est fondamentale pour l'homme car l'acte de manger est « ontologique ». Cet acte nous assure notre vie biologique. Au niveau psychique il représente l'assouvissement que donne le plaisir, la sensation de plénitude et de sécurité.

 

Il y a aussi tout un espace inconscient très lié à la nourriture et qui relève de l'ordre des fantasmes en tout genre. Nous observons durant les sessions à Béthanie sur le thème du « Rythme des saisons » que certains participants sont étonnés par la puissance de leurs rêves. Le jeûne et la prière « secouent » les profondeurs de notre être et bien évidemment la prière devient alors une évidence pour qui s'avance dans les « eaux profondes » de son ombre.

 

Le combat est parfois rude, et il nous est demandé de faire preuve de miséricorde d'abord envers nous-même et par voie de conséquence envers nos frères. Le jeûne et la prière nous éveille peu à peu à cette compassion qui nous habite. D'où le triptyque « jeûne aumône et prière ». L'un ne va pas sans l'autre, et ne pas les associer peut se révéler néfaste pour notre santé.

 

Peu importe nos résistances, et elles sont nombreuses, le jeûne, la prière et l'aumône vont nous permettre peu à peu d'épouser les opacités et les perversions qui dégradent nos structures psychologiques, et qui sont révélatrices de notre « éloignement », cet « exil du paradis » que nous vivons à chaque instant. Nous allons expérimenter « organiquement » que nous sommes habités par un dynamisme de dépassement invincible et ce d'une manière parfois fulgurante, dès que les premiers symptômes de désintoxication provoqués par le jeûne se seront calmés (4 à 5 jours sont souvent nécessaires).

 

La vie en Christ nous creuse sans cesse afin de laisser transparaître le cœur comme « un vaste écrin dont Dieu seul est la mesure. » écrit Nicolas Cabasilas. Il y a dans l'acte de manger une dimension affective profonde et essentielle pour notre vie. Dans l'évangile, le Christ prend souvent l'exemple du banquet auquel nous sommes invités. Le repas pris en commun, comme les agapes, est le lieu où s'exprime, se fonde et se renforce la communion entre les hommes. « Il ne s'agit pas seulement de pain » écrit le psychanalyste canadien Michel Dansereau, « tout repas est une demande d'amitié, de réconciliation, de restauration. »

 

Il y a donc à travers cela une « intention de communion ». La nourriture est symbole de communion, elle est le lieu où s'exprime le désir de communier avec autrui. Bien entendu, ce désir de communion est aussi tourné vers les créatures que nous mangeons, et donc manger en conscience, c'est rendre grâce !

 

Attention à la crise de « boulimie émotionnelle », souvent aggravée par l'alcool en excès et les conversations passionnées ... La satisfaction de se remplir prend le pas sur tout le reste. Oui, la nourriture appartient aussi et peut-être surtout au registre de l'affectif, du désir. La bouche, loin de se réduire à un simple organe corporel, est le « premier pivot de la présence » au monde. (François Chirpaz) Être nourris est un acte profondément charnel et vital dès la naissance. « Le baiser » écrit le théologien Antoine Vergote, « n'est-il pas une forme dérivée, sublime de la manducation »?

 

Tout ceci pour dire qu'arrêter de manger ne va pas de soi ! Alors que découvrons-nous quelquefois en jeûnant ? Et bien que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. C'est donc une réorientation totale de notre besoin de manger. « Alléger » notre nourriture c'est monter dans la fréquence vibratoire de ce que nous consommons, et les plus hautes nourritures sur le plan vibratoire sont le silence et la beauté. Au final, nous pouvons nous rendre compte de la belle et noble vastitude silencieuse de l'Être divin qui ne cesse de nous nourrir et de nous combler, tout en continuant à creuser notre désir de plénitude, d'ordre, et d'unité.

 

« Je suis dans une attitude plus contemplative : être touchée dans l'intime par la beauté d'une lumière, la brillance intense de la lune la nuit » confiait une jeûneuse. En vérité, tous les sens sont délivrés de leur lourdeur engendrée par l'avidité de l'homme dans tous les domaines, et pas seulement dans la gourmandise... Nous entrons dans une autre respiration, dans une autre vision, dans une autre écoute, dans un autre ressenti : un monde nouveau s'ouvre devant nous et la joie nous submerge.

 

Puissions-nous voir dans le jeûne un chemin proposé par l'Eglise tout au long de l'année pour que nous puissions être tant soit peu saisi par cette vie en plénitude à laquelle nous appelle le Christ.

 

Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !

 

 

                   Père Francis

 

 

Texte à méditer

 

 Le christianisme authentique c'est, si vous voulez, une expédition en montagne. Une expédition dangereuse et difficile. C'est pourquoi souvent se produisent des substitutions. Les gens restent au pied du pic à escalader. Ils se calfeutrent dans leur tente en lisant des guides et s'imaginent qu'ils sont déjà arrivés au sommet. Cela nous arrive aussi quand nous lisons des livres de mystiques et qu'en répétant leurs paroles, nous nous imaginons que, en gros, nous sommes arrivés au but. 

 

Alexandre Men (1935-1990)

 

 

Prière

 

Seigneur, Seigneur,

accorde la force de ta grâce à tous les peuples

afin qu’ils te connaissent par le Saint Esprit 

et te louent dans la joie

puisque à moi impur et misérable 

tu as donné la joie de te désirer.

 

 Saint Silouane (1866-1938)

 

 

 

 

Télécharger la lettre

Cliquer ICI

Nouvelles de la communauté :

 

 

  • Les travaux d’aménagement de la chambre pour les personnes ayant un handicap et ceux de rénovation du chalet saint Martin après l’incendie de l’été 2018 sont terminés.

 

  • La communauté accueille depuis le mois d'août une famille (une mère et ses deux enfants) venant d'Albanie. Notre ami Mohammed (du Soudan) vit encore avec nous, il fait actuellement des démarches pour obtenir un logement à Metz.

 

  • Pas de nouveauté du côté de nos anciens : Louise-Marie continue vaillamment à venir à toutes les activités communautaires (offices, repas, réunions, enseignements) tandis que P. Alphonse, ne parlant quasiment plus, communique par sa présence et son regard.

 

  • Sœur Barbara va prendre un temps sabbatique de discernement et de formation de mi janvier jusqu’à Pâques au monastère orthodoxe Sainte Elisabeth de Minsk où nous sommes allés au mois de juillet dernier.

 

  • Arnaud Macquart, un fidèle paroissien, est hébergé à la communauté pour un temps de discernement.

 

  • Un événement éditorial à la communauté : la parution en novembre du livre « J’ai fait de Toi mon refuge ». Dans une édition établie par Anne Ducrocq et Valérie Servant, illustrée par sœur Barbara, et dans la traduction de Mgr Grégoire, notre évêque, un verset des psaumes est proposé pour chaque jour à notre dégustation. A consommer sans modération… Ce livre est disponible chez votre libraire ou à Béthanie !

 

 

En novembre-décembre 2019

vous pourrez vivre à Béthanie

                                            

 

 

 

• Je suis à mon Bien-Aimé et ses désirs se portent vers moi :

Retraite de l’Avent pour préparer Noël

Dotés par Dieu de la puissance du désir, nous sommes pourtant des êtres en manque de jouissance. Ce manque nous conduit soit à un détournement du désir, une idolâtrie de soi-même, soit à l’unique plaisir qui est accès aux choses divines, aux chastes épousailles avec le Christ. La période de l’Avent est propice pour prendre du temps et discerner notre désir profond. Pour cela nous ferons de la place à la prière, au jeûne et au silence, à la méditation des textes sacrés, au chant et au travail corporel.

Du 29 novembre (19h) au 1er décembre 2019 (16h30)

 

 

 

• Lectio divina : Amour et contemplation de l’Écriture sainte

La Bible, image de Dieu, est corps, âme et esprit. Son corpus est une étoffe complexe, aux nuances étonnamment variées, et où l’histoire sainte illumine celle du lecteur. L’âme de la Bible, mélange de beauté, de force et de sagesse divines, ne se révèle qu’en révélant la nôtre. Son esprit, insondable, n’est que prière… Après une introduction générale à la littérature biblique et à l’art d’interprétation, la méditation, l’écoute profonde et la liturgie nous guideront vers cet « oubli de soi » propre à la lectio divina, lecture traditionnelle des saintes Écritures, transparente au regard de Dieu.

Du 14 décembre (9h) au 15 décembre 2019 (16h30)

 

 

 

Noël

L’Incarnation de Dieu en l’homme est un évènement central pour toute l’humanité. Cela est vrai aussi pour chacun d’entre nous. Accueillir le Christ en soi est une métamorphose radicale. Rencontre fraternelle autour de la fête de la Nativité du Christ dans la joie des offices de la vigile de Noël, de la Divine Liturgie et des agapes.

Du 24 décembre (18h) au 25 décembre 2019 (14h)

 

 

 

• Méditation : s’incarner pour se libérer

selon l’enseignement reçu de Karlfried Graf Dürckheim

Énergie, quiétude, éveil… S’ouvrir à la détente profonde et libérer sa vitalité essentielle par la présence au corps et au souffle. Par des exercices spécifiques, apaiser les perturbations émotionnelles et laisser émerger le « clair silence » (Maître Eckhart), prémices de l’éveil et du don de la grâce contemplative. Initiation et perfectionnement (places limitées).

Du 26 décembre (19h) au 31 décembre 2019 (11h)

 

 

 

Pour être tenu au courant de nos activités et recevoir la lettre de Béthanie gratuitement chaque mois par internet, envoyez votre e-mail à contact@centre-bethanie.org et si vous ne disposez pas d’internet nous vous enverrons la lettre par courrier mais pour ce faire, merci de nous adresser des enveloppes timbrées libellées à votre adresse.

 

BETHANIE, Prieuré Notre-Dame et St-Thiébault, 57680 GORZE

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