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Publié par Centre Béthanie

Lettre de Béthanie n°177

Chers amis,

Le 26 de ce mois il y aura déjà un an que père Alphonse est né au ciel.

Pour ce premier anniversaire nous souhaitions publier un numéro spécial de la revue Le Chemin reprenant les textes essentiels que père Alphonse a écrit autour de la lecture de la Bible. L’arrêt des activités suite à la pandémie ne nous permet pas financièrement de donner suite à ce projet aujourd’hui mais ce n’est bien sûr que partie remise.

En attendant et pour nous souvenir de lui, nous vous proposons de relire une ancienne lettre qu’il vous a écrite il y a quatorze ans. Le texte et la prière qui suivent cette lettre avaient été choisis par lui.

C’est un premier hommage et signe de notre reconnaissance envers lui mais aussi notre action de grâce de l’avoir rencontré.

Je vous dis toute mon amitié en Christ !

Père Pascal

Chers Amis,

Le mois de Janvier est celui de la nouveauté, de partout on nous souhaite une Année « Nouvelle », l’important étant de sauter maintenant hors de tout ce qui est vieux ! Or la seule et unique réalité qui soit radicalement neuve, c’est l’Amour. L’Amour est toujours inédit, il ne se répète jamais, aimer c’est à chaque fois la première fois ! Que nous souhaiter alors de mieux, réciproquement, sinon d’aimer tous les jours plus et de faire de cet Amour l’axe de notre vie ?

En Extrême-Orient nul n’est maître spirituel sans être illuminé ; dans le Christianisme l’illumination n’intéresse que si elle est l’expression de l’Amour. Beaucoup de saints et de maîtres chrétiens n’ont jamais été illuminés, mais tous ont été littéralement consumés par l’Amour comme par un feu. En dehors de cela rien ne peut les combler, car l’Amour contient tout, il est la profondeur de l’homme, il est Dieu Lui-même (1Jn 4,8).

Ma réalité profonde c’est l’Amour, et plus je m’enfonce dans l’Amour, plus je suis. Les racines, le fondement de mon être, c’est l’Amour (Eph 3,17 ; Rm 5,5). Là je suis illuminé dès maintenant et la prière n’est pas chemin de conquête, mais d’ouverture à l’Amour qui est au plus profond de moi-même. Méditer et prier c’est aimer, car Dieu ne veut pas d’autre réponse à son Amour que notre amour, l’inhabitation réciproque des consciences, la transparence de la conscience divine à la conscience humaine et vice versa. Une compénétration infinie de Dieu et de l’homme. L’Amour cherche l’Amour et se suffit à lui-même.

Cette croissance de l’un dans l’autre n’est jamais terminée, c’est une union transformante continuelle. Quand l’Amour perce à travers notre nature humaine, il ouvre en elle des capacités infinies d’aimer à son tour, et d’avancer éternellement vers la ressemblance divine. C’est dans cette réciprocité amoureuse que consiste la sainteté, conscience abyssale au contact des Personnes divines où s’éveille et croît la personne humaine. Nos détresses se dissipent alors et notre visage commence à se transfigurer ; nous devenons nous-mêmes, nous commençons à vivre pleinement…

Mais avant d’être illumination, l’Amour est purification. A Dieu qui ne cesse de chercher l’homme et de descendre dans le dépouillement le plus extatique jusqu’à adopter un corps pour être son égal, à vivre les affres de la croix et de l’enfer pour pouvoir dire à son cœur un « Je t’aime » inconditionnel, « Tu es tout pour moi », je ne peux donner qu’un accord sans réserve ou… refuser, car chacun a le droit aussi de choisir la mortalité. Pourvu qu’il le fasse consciemment ! Mais celui qui dit « oui » entre dans un mouvement d’acceptation de tout, inconditionnelle et anticipée, y compris de l’humiliation, du rejet ou de l’insignifiance, de la mort sur sa propre croix, comme nous l’avons dit. Car il faut mourir à la dépendance de soi pour dépendre de l’Autre. Hors de Toi j’accepte de n’être rien. Je veux être par Toi et pour Toi. Pauvreté totale. Désappropriation.

La médiation et la prière sont le champ privilégié où se livre ce combat. Et si cette purification est une agonie, l’Amour qui la réalise en moi est la plénitude de la Présence divine. Cloué sur les difficultés de ma méditation et de ma prière, je traverse d’une manière ou d’une autre les mystères de Celui qui m’a précédé à Gethsémani. C’est Lui qui les vit en moi et avec moi. Ce qui se passe alors est très important, même si parfois le désespoir me frise parce que j’ai mal médité ou mal prié et qu’à mes yeux je n’arrive à rien… Cette saveur-là, quand on la goûte et la vit intensément dans l’Amour, nous révèle la profondeur de Dieu autant que la joie ou l’illumination. Et bientôt les deux ne feront plus qu’un. C’est quand le Christ n’en peut plus sous le poids de ses souffrances qu’Il s’abandonne entre les mains du Père et que tout est accompli. La Résurrection n’est pas loin…

Seule cette ouverture extrême à l’Amour inouï de Dieu fait que l’homme devienne vraiment lui-même, car il a été créé pour répondre à cet appel. Et de là naît toute fécondité. Transparent à Dieu, l’homme Le reconnaît partout et en tout ; ce n’est que maintenant qu’il devient vraiment sensible à l’autre dans sa réalité dernière, capable de communiquer au-delà des apparences impersonnelles.

De tout temps les mystiques savent quelle énergie extraordinaire est libérée par l’Amour. Aujourd’hui certains savants commencent à le corroborer. L’énergie vitale contenue dans l’Amour dépasse toutes les autres et ne tombe pas sous le coup des instruments de mesure. « La mesure de l’Amour, dit saint Bernard, c’est d’être sans mesure. » Voilà l’énergie qui soutient l’homme et l’univers entier. C’est pourquoi un seul acte d’Amour réalise plus que toutes les œuvres extérieures ensemble dans le monde. En disant cela, le grand mystique qu’était saint Jean de la Croix résume la conviction la plus intime de la Tradition spirituelle. Cette force prodigieuse agit d’une façon mystérieuse, la plupart du temps invisiblement, et fait du cœur de l’homme un foyer rayonnant de la plus haute activité élevant l’humanité et transformant le monde, y compris du cosmos.

« La fibre la plus dure, disait Gandhi, est tenue de se dissoudre au feu de l’Amour. C’est la puissance la plus active qu’il y ait au monde, indestructible, supérieure à toutes les forces réunies. Dès qu’elle devient active, elle se propage avec une rapidité extraordinaire et le miracle éclate, la victoire est manifeste. » Voilà l’étincelle première apportée par le Christ au monde. Allons au front de la vie avec Lui ! Il n’y a pas d’autre révolution, c’est la seule qui nous introduira dans la « nouveauté » absolue de cette année…

 

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel

 

Prière

Heureux le cœur amoureux

Qui sur Dieu seul a fixé sa pensée,

Qui pour Lui renonce à toute chose créée

Et trouve en Lui sa gloire et son contentement

Il vit insoucieux, même de soi,

Car toutes ses intentions sont en Dieu.

Ainsi, joyeux, et fort heureux,

Il franchit les vagues de cette mer tempétueuse.

 

Sainte Thérèse d’Avila (XVI°siècle)

 

 

Texte à méditer

Qui nous séparera de l’amour de Christ ? La tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement, ou le péril, ou l’épée ?

Selon qu’il est écrit : A cause de toi, l’on nous met à mort tout le jour. On nous considère comme des brebis qu’on égorge. Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les êtres d’en haut, ni ceux d’en-bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur.

Saint Paul, Epître aux Romains 8, 35-39

Télécharger la lettre au format PDF : Cliquer ICI

En février 2021,

dans la mesure où la situation sanitaire le permettra,

nous espèrons vivre à Béthanie… :

       

Le symbolisme du jardin

"Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé" (Gn 2.8). Notre tout premier jardin, cette région essentielle de nous-mêmes, cette terre qui donne gratuitement son fruit, ressemble à une intime mémoire. Il est aussi une contrée que l’amour seul peut reconquérir. Ainsi la bien-aimée s’offre-t-elle au bien-aimé, comme un jardin clos dont l’aquilon distille parfums et semences (Cantique, 5e chant). Et ainsi, au jour où le deuil voilait le regard de l’âme, l’âme entendit-elle comme Marie de Magdala une voix familière : "Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?" Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : "Seigneur…" (Jn 21.15)

Le vendredi 5 février 2021 de 15 h à 18 h

 

Calligraphie et illustration sur le thème du jardin

Le jardin est lieu de beauté, d’inspiration, de communion. Toutes les traditions nous l’enseignent : dans le silence, le travail, l’action de grâce, l’homme y découvre sa nature et sa vocation : celle de collaborer à l’œuvre divine de son Créateur. Par la calligraphie et l’illustration, nous partirons à cette découverte dans le souffle de l’Esprit et la sagesse du corps. Session ouverte aux débutants et aux plus confirmés.

Du samedi 6 (9 h) au dimanche 7 février 2021 (17 h)

 

Cette conférence et cette session sont indépendantes mais très complémentaires. Il est donc enrichissant de les associer, si on le peut et si on le souhaite.

 

Atelier avec Iégor Reznikoff

Travail sur la résonance sonore dans le corps :

Perception fine des vibrations, conscience sonore approfondie, écoute et émission des sons harmoniques, intonation naturelle. Sur cette base, on entreprendra deux ou trois chants du répertoire contemplatif antique qui sont aussi des prières. Ce cours donne les fondements profonds du chant sacré et liturgique mais aussi les bases de la thérapie par le son. Il est ouvert à ceux qui n’ont jamais chanté, comme aux professionnels.

Du samedi 6 (9 h) au dimanche 7 février 2021 (16 h 30)

 

Rencontre avec Jacqueline Kelen

Le vin et la danse des amoureux de Dieu

Le vin et la danse font tourner la tête et, parfois, perdre la raison – d’où les images d’allégresse, d’exaltation et d’amour fou qu’ils font naître chez beaucoup de mystiques juifs, chrétiens et musulmans. Le roi David, saint François, Rûmi nous entraînent dans leur ronde. Origène, Isaac le Syrien, saint Bernard, Hâfez et Marguerite Porete célèbrent la « maison du vin » et la « sobre ivresse ».

Du samedi 13 (9 h) au dimanche 14 février 2021 (16 h 30)

 

Mourir pour vivre, une Pâque :

retraite du Grand Carême

La mort apparaît souvent comme la grande catastrophe à venir. Mais si nous passons notre vie à craindre la mort qui vient demain, aujourd’hui, à chaque instant, nous mourrons ! De même si nous nous interrogeons beaucoup sur la vie après la vie, en même temps nous ne la préparons pas ! Que nous disent la Bible, la Tradition des Pères et la liturgie à ce sujet ? Cette question sera posée dans la prière, le jeûne et le silence, la méditation des textes bibliques, les offices et le travail corporel.

Du vendredi 26 (19 h) au dimanche 28 février 2021 (16 h 30)

 

Pour être tenu au courant de nos activités et recevoir la lettre de Béthanie gratuitement chaque mois par internet, envoyez votre e-mail à contact@centre-bethanie.org et si vous ne disposez pas d’internet nous vous enverrons la lettre par courrier mais pour ce faire, merci de nous adresser des enveloppes timbrées libellées à votre adresse.

 

BETHANIE, Prieuré Notre-Dame et St-Thiébault, 57680 GORZE

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