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Publié par Centre Béthanie

Lettre de Béthanie N° 146

Chers Amis,

 

En ce qui concerne la méditation, l'expérience est tout. Tout ce qui n'est pas basé sur l'expérience est extérieur à la méditation. Aujourd'hui il y a un intérêt croissant pour cette pratique et elle commence à pénétrer tous les milieux... et même jusque dans l'éducation nationale ; c'est dire l'impact de ce phénomène !

 

De quoi s'agit-il au juste ? Qu'est-ce qui se cache derrière ce mot maintenant à la une de tous les journaux et de toutes les revues qui traitent de « bien-être » et de « développement personnel » ?

 

Il faut dire qu'en quelques années a émergé un nombre impressionnant de « spécialistes » de la méditation et que l'on trouve des ouvrages sur ce sujet dans tous les halls de gare. Alors il y en a pour tous les goûts, et c'est bien ainsi, à condition toutefois de rester fidèles à l'enseignement des traditions spirituelles qui forgent cette pratique depuis des millénaires.

 

La pratique de la méditation est surtout connue grâce à l'extrême orient et sa source prend racine en Inde. Elle se rattache explicitement à l'expérience qu'illumina Sakyamuni ( « sage des Śākyas » ou le Bouddha) sous l'arbre de la Bodhi dans l'Inde du 5eme siècle avant Jésus-Christ. La méditation n'est pas la réflexion sur un sujet quelconque mais l'expérience du silence que nous sommes dans notre esprit. L'appel de ce silence intérieur résonne en tout homme.

 

Le « noûs », mot grec qui se traduit par mental, du latin « mens », le noûs EST silence. C'est dans la nature même du cœur de l'homme d'être habité par ce Silence. Nous sommes donc invités à « entendre » ce Silence qui « résonne » en nous. Mais pour entendre ne faut-il pas se taire ? Souvent dans la Bible on retrouve cette injonction :

 

« Fais silence et écoute, Israël » Dt 27,9

« Qui donc vous apprendra le silence. » Job 13,5

« Faites silence ! C'est moi qui vais parler. » Job 13,13.

 

Et il y aurait bien d'autres exemples. D'ailleurs le premier commandement n'est-il pas le fameux « Shema Israël » ? Ecoute ! Et pour écouter vraiment, ne faut-il pas d'abord être en silence ?

 

La méditation n'est pas spéculation mais « expérience du fond insondable de l'être, et que l'entendement ne peut concevoir. » dans L'art chevaleresque du tir à l'arc, Le Zen, Eugen Herrigel

 

Les textes et les explications ne sont jamais que verbalisation très limitée à partir d'une expérience mystique et nullement un chemin pour y arriver. C'est aujourd'hui par la tradition du zen que la « méditation sans objet » s'est répandue en occident. Cette manière « d'être zen » a pourtant ses racines dans toutes les grandes traditions de l'humanité. Etre zen ne signifie pas être cool ! Il s'agit de faire face tranquillement à ce qui est ! Faire face et non pas fuir le réel : Si l’on s’en tient à une formule classique, la pratique du zen consiste à "résoudre la grande affaire de la vie et de la mort".

 

Ce face à face est en lui-même une ascèse : être là ! « La pratique, dit Patañjali, c'est l'intensité de la vigilance permanente. »  Saint Grégoire Palamas parlant du shabbat dit : « nous aussi nous pouvons convoiter ce divin repos, c'est à dire que nous pouvons concentrer notre mental (noûs) avec persévérance dans l'attention, la vigilance et la prière ininterrompue. Ce repos divin du shabbat est l'hésychia noétique. Si nous retirons notre mental de toute pensée même la meilleure et si nous retournons en nous-même avec une vigilance constante et une prière ininterrompue, nous aussi, nous entrerons dans le repos divin et atteindrons l'état de béatitude, celui des sept béatitudes de l'Evangile en étant nous-même élevé à la vision de Dieu. » Le saint dit ces choses lors d'une homélie aux fidèles de son diocèse de Thessalonique et non pas seulement à ceux qui se consacrent à la vie monastique. Tous sont invités aux noces !

 

Il s'agit de revenir au sujet de la quête, et non de se concentrer sur l'objet : « Qui suis-je ? » Peut-être commencer par le commencement, et prendre conscience de cet être sans racine que je suis à bien des égards... « Et savez-vous qui est celui qui maintenant même court ainsi à la recherche ? C'est cet être sans racine et sans souche, tout vif comme un poisson dans l'eau et que l'on ne saurait ni rassembler en joignant les mains ni disperser en écartant les mains. »  (Lin-tsi)

 

La méditation est le bras de levier pour une prise de conscience, car précisément elle crée les conditions de « la percée de l'être essentiel » pour reprendre une expression chère à Karlfried Graf Dürckheim. Chaque méditation est un véritable bouleversement intérieur ; en sommes-nous bien conscients ? « L'homme qui sort de la méditation n'est plus l'homme qui y est entré » disait Dürckheim. Alors à la question « pourquoi méditer » Dürckheim répondait « parce que c'est l'heure ! »

 

Si en général rien d'extraordinaire ne se passe pendant cette pratique méditative, peu à peu, disons années après années... on commence à « voir dans la nature de son être », « voir son visage tel qu'il était avant sa naissance. » Le Christ dit que nous avons des yeux et que nous ne voyons pas, des oreilles et que nous n'entendons pas ! Comme tout bon thérapeute, il pose un diagnostic sur cette humanité « en ruine spirituelle » que nous sommes.

 

Ceci étant posé, tout son enseignement gravite autour d'un remède : « Epheta » ouvre-toi ! Ouvre-toi à la Vie ! Emerge de ton somnambulisme, de ta léthargie. Secoue-toi ! Le royaume des cieux appartient aux violents, à ceux qui posent dans leur quotidien ce temps de présence à soi par l'exercice du « rappel de conscience. » Présence à soi, présence à Dieu. Alors Dieu agit, et l'homme transpire ! C'est ce qu'on appelle la « synergie » dans la tradition chrétienne.

 

Nous sommes en chemin à chaque instant et l'espace de mon quotidien devient « mon dojo », le lieu de ma pratique. Chaque instant est unique et porte en lui la possibilité de l'éveil. Au cœur d'un quotidien souvent exigeant, peu à peu, émerge la lumière de la conscience qui comme le soleil à l'extérieur balaie toutes les ombres, élimine en nous peu à peu les ombres de notre intériorité.

 

Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !

 

                       Père Francis

                                                          

Textes à méditer

 

« L'espace de l'esprit, là où il peut ouvrir ses ailes,

c'est le silence.

Le silence est le seul signe de la qualité. »
 

Antoine de Saint Exupéry

 

« Retrouver l'ordre, c'est connaître le constant.

Connaître le constant, c'est l'illumination. »
 

Lao Tseu

 

 

Prière

 

Au fond du cœur nous te chantons avec nos hymnes les plus beaux.

Nous t'aimons du plus pur amour et nous adorons ta grandeur.

Les heures sombres de la nuit succèdent à la clarté du jour,

mais la foi n'a point de ténèbres 

et la nuit brille de son flambeau.

Fais que toujours nos âmes veillent...

Gardent sans cesse ceux qui te prient.

 

Ambroise de Milan (339-397)

En novembre et en décembre

vous pourrez vivre à Béthanie

 

LE QUOTIDIEN COMME EXERCICE

 

« L'esprit du quotidien est le chemin » dit Karlfried Graf Dürckheim. Faire de notre quotidien un espace réservé à la pratique de la Voie intérieure, lieu de l'exercice de la vigilance permanente. Comment « gagner le temps perdu » pour le consacrer à l'essentiel... Chaque instant est l'occasion unique de l'éveil. Exercer l'art d'être dans l'instant présent.

 

Du 18 novembre (9 h) au 19 novembre 2017 (16h30)          

 

UNE RENCONTRE AVEC JACQUELINE KELEN

 

L’hospitalité.

 

Il est beau qu’en français le terme « hôte » désigne à la fois celui qui accueille et celui qui est accueilli. En convoquant divers mythes et contes (Ulysse, Sindbad, etc.), en nous appuyant sur la Bible (Abraham et les Anges, les paraboles évangéliques autour du festin des noces, etc.), nous verrons que, par-delà l’aspect matériel, l’hospitalité – offerte ou refusée – questionne le cœur de chacun.

 

Du 25 novembre (9h) au 26 novembre 2017 (16h30)           

 

Retraite pour préparer Noël :

« de la vaine gloire à la Gloire »

 

La période de l’Avent célèbre le triple avènement du Christ : sa naissance à Bethléem, sa venue dans le cœur des hommes et son retour glorieux à la fin des temps. En nos temps de paraître et d’obscurité, nous sommes invités à prendre du temps pour discerner les faux-nez de la Gloire, faire de la place à la prière, au jeûne et au silence, à la méditation des textes sacrés et au travail corporel.

 

Du 8 décembre (19h) au 10 décembre 2017 (16h)            (Offrandes)

 

MÉDITATION : S’INCARNER POUR SE LIBÉRER

selon l’enseignement reçu de Karlfried Graf Dürckheim

 

Energie, quiétude, éveil… S’ouvrir à la détente profonde et libérer sa vitalité essentielle par la présence au corps et au souffle. Par des exercices spécifiques, apaiser les perturbations émotionnelles et laisser émerger le « clair silence » (Maître Eckhart), prémices de l’éveil et du don de la grâce contemplative. Initiation et perfectionnement.

 

Du 26 décembre (19 h) au 31 décembre 2017 (11 h)                         

 

Brèves nouvelles de la communauté

 

 

  • Le 23 septembre, père Pascal accompagné de Carole a célébré la divine liturgie pour les fidèles orthodoxes et les amis de Béthanie en Alsace près de Colmar, chaleureusement accueillis comme chaque fois par la pasteure Danielle Schwendimann.
     
  • Les 23 et 24 septembre, Père Francis a animé au monastère cistercien trappiste Notre-Dame d’Orval en Belgique une session de méditation.
     
  • Ce même week-end, sœur Barbara a fait une retraite au Mont Saint Michel au sein de la fraternité monastique de Jérusalem.
     
  • Du 29 septembre au 4 octobre la communauté a accueilli Anna Evans, vétérinaire, qui organise dans la salle du Roi David des formations de communication intuitive avec les animaux. Clin d’œil du ciel : la formation se termine le jour de la saint François !
     
  • Le 30 septembre, Valérie et Anne se sont rendues à la cathédrale orthodoxe russe de Paris, quai Branly, pour vénérer, en notre nom à tous, les reliques de saint Théophane le reclus qui étaient de passage à Paris.
     
  • Le 5 octobre, Louise-Marie a accueilli dans la langue de Goethe un groupe d’Allemands pour une visite guidée de la chapelle et un témoignage de sa foi.    
     
  • Les 7 et 8 octobre, les amis de Béthanie se sont succédés et relayés tout au long du Week-End pour nettoyer, désherber, tailler, rentrer le bois pour l’hiver, peindre, réparer, restaurer, dépanner ... et passer de bons moments ensemble, notamment autour des petits plats concoctés à la cuisine pour tous les travailleurs. Un très grand merci à eux tous !
     
  • Après la constitution des dossiers et leur acceptation par l’administration, les travaux demandés pour l’accession de Béthanie aux handicapés physiques selon les normes en cours ont commencés le 16 octobre.
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  • Le 11 octobre, visite de sœur Nymphodora et de ses compagnes du monastère orthodoxe Ste Elisabeth de Minsk en Biélorussie.
     
  • Du 16 au 19 octobre opération d’élagage et de taille par des professionnels pour sécuriser les promenades dans le bois du prieuré.
     
  • Le 28 octobre, une conférence ouverte à tous sur l’icône, lumineuse présence, est donnée par Agnès Glichitch, notre nouveau professeur d’iconographie, en prélude à la session qui commençait le lendemain.

BETHANIE, Prieuré Notre-Dame et St-Thiébault, 57680 GORZE

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S
Salutations d'Anne (Déloy) et Stan à vous tous, et bravo pour ton article, Francis, qui remet les pendules à l'heure au sujet de la "méditation". J'ai lu récemment un article sur "le business (sic) de la méditation", notamment bien sûr aux U.S.A., où des fortunes se constituent autour de séances privées pour bobos à plusieurs centaines de dollars l'heure... Comme tu le dis, des "spécialistes", autoproclamés (tu ne désavouerais pas cet adjectif, je pense) s'engraissent comme d'autres l'ont fait (et continuent de le faire) avec un pseudo yoga. Ma foi, si quelques personnes ont ainsi le pied à l'étrier et ont envie d'aller un jour plus loin, c'est tout ce qu'on peut souhaiter! Bonne continuation, alors que nous quittons Lourdes demain pour la région lyonnaise!
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