Nous sommes dans le temps des « Gésimes », temps de préparation au grand carême et temps de la ré-orientation toujours à reprendre vers cet appel qui résonne depuis le début de l'histoire humaine : « Adam, où es-tu ? » (Genèse 3.9). En effet, Adam et Eve se cachent du Seigneur Dieu « parmi les arbres du jardin » nous dit le texte de la Genèse au chapitre 3 verset 8.
Finalement tout homme « en exil » se cache comme le fait Adam, et à tout homme Dieu pose la même question : « Où es-tu ? » Tous les êtres humains ont connu, connaissent et connaîtront cet instinctif besoin de se cacher.
Sitôt passé le temps des années d'enfance, c'est à dire vers 2 à 3 ans, l'homme se surprend un jour à se cacher ; c'est le jour où ses yeux s'ouvrent sur lui-même : « Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus... ». Chacun de nous au fond cherche à se cacher plus ou moins pour éviter le désagrément d'être découvert « nu », on pourrait dire « mis à nu », alors qu'au chapitre 2, « ils n'en avait pas honte. ».
Dans le jardin qu'est notre existence humaine, Dieu se promène toujours « à la brise du jour ». Cette brise d'une fin de jour est quelquefois révélatrice d'un calme apaisant, qui émerge de notre profondeur, dès que se relâche l'emprise de notre « moi de survie », dans le vertige de ses activités et surtout de ses succès.
Au cœur même de ce qui fait sa vie, l'homme peut entendre retentir le bruit fait par le Seigneur qui se promène et qui appelle : « Francis, où est-tu ? »... Cette question est un appel à renouer le dialogue. Il y a en chacun de nous cette résonnance d'un « paradis » perdu et cette nostalgie nous met face à la question fondamentale que nous évitons soigneusement bien souvent de nous poser : quel est le sens de ma vie en cet instant ? ...cet instant qui semble perdu dans une montagne de problèmes existentiels toujours les mêmes en plus ! Existe-t‘il une vie avant la mort ?
Remarquons que les mots « où es-tu ? » sont les premiers mots adressés par Dieu à l'homme après la rupture de l'écoute intérieure que l'on appelle le « péché » (en grec « amartia », qui indique une vie qui se trompe de sens : qui vise mal.) Comme Adam, nous ne pouvons répondre à la question qu'en faisant aveu de notre nudité et de notre peur. « J'ai entendu le bruit que tu faisais dans le jardin » répondit l'homme, « J'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. » Ce sont les premiers mots du premier homme après son exil du paradis...