Lettre de Béthanie N° 186
Février 2022
Gorze, Février 2022
Chers amis,
Ce mois-ci l’Eglise nous invite à nous préparer au carême. En effet, nous entrons dans cette période liturgique que l’on appelle en occident les Gésimes, temps de préparation à cette grande période d’exercices spirituels que sont les quarante jours avant la Pâque dans la Tradition chrétienne !
Nous sommes ici mis une fois de plus en face des enjeux de notre vie et de nos responsabilités, et invités à une réflexion sur la stratégie qui s’impose à chacun de nous pour faire progresser notre conversion à l’Amour divin…, et cela en vérité, en profondeur et avec efficacité.
Réfléchissons-nous à notre stratégie de carême ? Nous percevons souvent au loin cette nécessité dans nos vies d’une conversion à l’Amour divin, mais avons-nous conscience de l’urgence ? « Aujourd’hui peut être mon dernier jour ! » répétait souvent Rachel Goettmann à la communauté de Béthanie ou pendant les sessions. Elle nous interpellait ainsi à ne pas remettre à plus tard ce qui doit être posé dès aujourd’hui !
Jésus est allé vers sa Pâque d’un pas résolu, nous enseignant le chemin par des paraboles, des actes, des guérisons et il est finalement monté à Jérusalem pour être livré, bafoué et outragé, couvert de crachats, flagellé et tué, pour ressusciter le troisième jour ! Il nous a montré toute la perspective de ces quarante jours qui vont s’ouvrir devant nous.
Mais nous sommes souvent aveugles spirituellement ! C’est pourquoi nous ne voyons pas, nous ne comprenons pas, ou si peu, la Parole de Dieu, c’est-à-dire le message de Jésus, le Dieu incarné. Ne sommes-nous pas souvent spirituellement des survivants ? Il nous est nécessaire pourtant, c’est une question vitale, d’approfondir notre connaissance de l’Evangile, notre connaissance de Jésus, de Dieu, de la Divine Trinité !
Certes nous savons que Jésus existe, que Jésus est près de nous, mais alors pourquoi ne nous écrions-nous pas comme l’aveugle de Jéricho dans l’Evangile : « Jésus Fils de David, aie pitié de moi ! », car voilà bien l’attitude fondamentale que nous propose l’Evangile ? Confesser notre foi et appeler la miséricorde de Dieu sur nous.
Aujourd’hui nous pouvons, avec la Tradition des Pères de l’Eglise, aller plus loin que l’aveugle au temps de Jésus et dire : Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. C’est-à-dire confesser la divinité de Jésus, son engendrement du Père, sa filiation divine et la manifestation de l’Esprit Saint en Lui, en un mot confesser la Divine Trinité. Et ensuite, comme l’aveugle de Jéricho, dire « aie pitié de moi », c’est-à-dire appeler l’ouverture des entrailles de miséricorde de Dieu sur nous qui sommes pécheurs, tellement emplis de maux, et spécialement de cécité spirituelle, que nous sommes empêchés de voir Dieu.
De « Voir Dieu tel qu’Il est »(1) selon le beau titre d’un livre très important de saint Sophrony de l’Athos, c’est-à-dire, être en communion profonde avec Lui, en nous et autour de nous, car c’est la source de la vraie joie et de l’épanouissement véritable. Cette prière va de pair, particulièrement en ce carême qui s’envisage, avec le jeûne et l’effort ascétique qui consiste à combattre les tendances les plus nocives de notre moi : notre convoitise insatiable, notre désir de puissance, notre besoin d’être estimé, notre besoin d’être admiré, de nous imposer aux autres, bref tout ce qui ferme notre regard à la vision de Dieu ! A chacun bien sûr ici de scruter comment cela se concrétise pour lui dans sa vie !
Mais alors nous expérimenterons, c’est inévitable, ces petites voix qui nous susurrent ou ces grosses voix qui nous hurlent de ne pas prier car ça ne sert à rien et que nous n’avons pas le temps, de ne pas jeûner car nous travaillons et sommes faibles, de ne pas combattre notre moi car il faut qu’il s’épanouisse ! Je ne vous fais pas de dessins, vous avez bien compris de quoi il s’agit, nous les expérimentons chaque jour ces voix.
Dans ce cas il faut crier plus fort encore, et c’est à cela que l’Evangile nous invite en permanence : Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur ! Alors la Présence divine manifestée par le Saint Nom de Jésus nous « couvrira de ses ailes et sous son plumage tu espéreras, sa vérité est un bouclier et une cuirasse. » (Ps 91)
En ce temps de préparation au combat du carême, posons un regard clair et honnête sur notre vie, réfléchissons à la stratégie à mettre en place très concrètement pour confesser notre foi dans les actes de notre vie et appelons la miséricorde de Dieu sur nous. Le chemin spirituel n’est pas une réflexion intellectuelle, la foi n’est pas un sentiment ou une ambiance mais une confession et une pratique, un combat pour réveiller en nous l’image divine et faire un pas de plus vers la ressemblance à la Divine Trinité.
Avec toute mon affection en Christ !
Père Pascal
- Voir Dieu tel qu'Il est par l’Archimandrite Sophrony, éditions du Cerf
Texte à méditer
Quand tu pries, ne recherche pas des mots compliqués,
car le bégaiement simple et monotone des enfants
a souvent touché leur Père des cieux.
Saint Jean Climaque
Prière
Acclamez le Seigneur, toute la terre,
servez le Seigneur dans l’allégresse,
allez à Lui avec jubilation.
Sachez que Lui, le Seigneur, est Dieu,
Il nous a faits et nous sommes à Lui,
son peuple et le troupeau de sa bergerie.
Psaume 100
En février-mars
vous pourrez vivre à Béthanie :
Une rencontre avec Bertrand Vergely :
Dieu veut des dieux ou la vie divine
Vivre consiste-t-il à vivre simplement humainement ? Pas forcément ! Dans l’Antiquité Épictète et Épicure ont pensé que vivre consiste à dépouiller l’homme afin de vivre comme un dieu parmi les hommes. Au cours de la modernité, afin de vivre poétiquement, Novalis a lancé que « Dieu veut des dieux ». Pour le christianisme, comme le rappelle la tradition orthodoxe, l’homme est appelé à la déification, rien n’étant plus humain que la vie divine.
Du samedi 19 (9h) au dimanche 20 février 2022 (16h30)
Mourir pour vivre, une Pâque :
retraite du Grand Carême
La vieillesse et la mort apparaissent souvent comme les grandes catastrophes à venir et la société conjure cette peur dans un déni pathétique. Pourtant si nous passons notre vie à craindre la mort qui vient demain, aujourd’hui, à chaque instant, nous mourrons ! De même, à force de nous interroger sur la vie après la mort, non seulement nous ne la préparons pas mais nous passons à côté de la vie avant la mort et ses pâques successives. Que nous disent la Bible, la Tradition des Pères et la liturgie à ce sujet ? Cette question sera posée dans la prière, le jeûne et le silence. La méditation des textes bibliques, le chant des offices et la sagesse corporelle nous accompagneront.
Du vendredi 4 (19 h) au dimanche 6 mars 2022 (16 h 30)
Atelier avec Iégor Reznikoff
Travail sur la résonance sonore dans le corps :
Perception fine des vibrations, conscience sonore approfondie, écoute et émission des sons harmoniques, intonation naturelle. Sur cette base, on entreprendra deux ou trois chants du répertoire contemplatif antique qui sont aussi des prières. Ce cours donne les fondements profonds du chant sacré et liturgique mais aussi les bases de la thérapie par le son. Il est ouvert à ceux qui n’ont jamais chanté, comme aux professionnels.
Du samedi 19 (9 h) au dimanche 20 mars 2022 (16 h 30)
Danser et méditer
Expérimenter l’immobilité dans le mouvement et le mouvement dans l’immobilité. La méditation silencieuse nous ancre dans le mouvement vital et la danse s’origine dans le centre immobile d’où naît ce mouvement. Qu’est-ce qui se meut en moi ? En méditant et dansant, nous expérimenterons deux pratiques complémentaires qui nous ouvrent à la Présence. (stage ouvert à tous.)
Du 19 mars (9h30) au 20 mars 2022 (16h30)
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