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Publié par Centre Béthanie

Lettre de Béthanie n°141

Gorze, mai 2017

 

Chers Amis,

 

Il était une fois... un jeune torrent... Un jeune et beau torrent, majestueux et puissant, venant d'une source profonde et pure. Ce jeune torrent parvenait au pied d'un immense désert, et là il s'engloutissait dans les sables brûlants et il disparaissait... Il aurait pourtant aimé atteindre l'autre bord ! Mais plus il s'élançait et plus il s'enfonçait... Au bout de nombreuses années, épuisé, il finit par renoncer.

 

N'étant plus accaparé par cette quête de « l'autre rive », il commença à s'abandonner simplement aux tendres et douces caresses de son ami le soleil. Peu à peu il sentit quelque chose changer en lui... une fluidité... une légèreté... une vapeur... oui ! Il devenait vapeur et chacune de ses gouttelettes scintillait comme un diamant de lumière... Il sentit alors son ami le vent qui s'amusait de sa légèreté et l'inviter à danser sa vie au rythme de la grande Vie : Il apprit à chanter au monde son bonheur et sa joie infinie... d'être !

 

La véritable transformation advient pour celui qui ose s'abandonner à la Vie et renonce à lutter pour atteindre un objectif inscrit dans son mental. Cesse alors peu à peu l'obsession de la quête, la recherche du résultat. Il y a simplement cet instant, comme un matin de Pâques, et qui s'appelle la vie.

 

La vie qui coule simple et heureuse, sans question, sans problème, sans doute, qui vit en nous depuis toujours : une vie douce et pétillante de bonheur, là, en cet instant : oui ! Là, en cet instant ! C'est une vie tout en « sentir », au croisement de l'éternité et du temps, instant unique, rythmé par l'alternance de l'inspir et de l'expir, véritable pulsation cosmique de ce présent qui n'en finit pas d'être là.

 

Comment donc sommes-nous devenus si sombres ? 

 

« Plus votre mental intervient dans votre vie, plus vous devenez apeuré et anxieux. » « Ne pas penser est la grande Voie ; lorsque vous comprenez cela, tout devient la Voie ; » Bodhidharma.

 

95 % de nos pensées sont inutiles, compulsives et répétitives... C'est cela l'enfer ! L'identification au mental. Alors, existe-t-il une libération ? Comment ne plus penser inutilement ? La réponse nous est suggéré par le torrent... S'abandonner aux tendres et douces caresses du soleil... Se laisser caresser par la vie ! Se laisser bercer par le souffle ! « Ne pas accaparer » dit le Tao, « présider à la Vie ! » Dans le zen japonais il est demandé de cultiver l'esprit qui ne cherche pas à obtenir, qui ne s'attache à aucun projet ni résultat.

 

Bien sûr, rien ne s'oppose à la recherche de l'excellence, pour reprendre une formule chère aux responsables des grandes écoles... mais à quoi sert à l'homme de gagner le monde s'il vient à perdre son âme... Nous oublions souvent que nous sommes passants et pèlerins sur cette terre, et que la vie, ma vie, est ce qu'elle est, et c'est à partir de ce qu'elle est, que je peux commencer à vivre vraiment.

 

« Une des premières conditions du bonheur est le renoncement au besoin superficiel de se sentir heureux ». (Fritjof SCHUON) Il ne s'agit pas de se sentir heureux, mais de se sentir ici et maintenant, sans juger. Le Christ nous prévient : « Le Père ne juge personne. » (Evangile selon saint Jean 5,22). Alors pourquoi ce jugement permanent sur ma vie et sur ce qu'elle devrait être... sans compter sur le jugement de la vie des autres...

 

La première réponse à l'attente profane du sentiment de bonheur, ou à la mauvaise habitude de s'emprisonner dans cette attente, la première réponse est la présence bienveillante à la réalité de ce que je vis ici et maintenant : ZANSHIN ! (1) C'est cette conscience qui peu à peu, permet de percevoir la relativité et la petitesse de notre « complexe » de bonheur et d'éviter les pièges de l'idolâtrie. Tout cela ne se conçoit pas, bien sûr, sans ce qu'on pourrait appeler une « vie de prières » dans le christianisme.

 

« Il faut arriver à trouver du bonheur dans l'acte spirituel, le don de soi, plutôt que dans la jouissance passive et narcissienne d'un bien-être que le monde est censé nous offrir. » « C'est un fait que l'homme ne peut pas trouver le bonheur dans ses propres limites ; sa nature même le condamne à se dépasser, et, en se dépassant, à se libérer. » (1) Cette libération n'est pas le fruit d'efforts tendus et crispés... car il nous ait demandé de nous efforcer sans nous forcer...

 

« La pratique c'est l'intensité de la vigilance permanente » disait Patanjali. L'intensité est le sens de l'exercice. Par l'exercice, la vigilance devient intense et donc libératrice. Le fruit dès qu'il est mûr tombe de lui-même... et alors vient la joie de le savourer ; sans but ni esprit de profit !

 

Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !

 

                                 Père Francis

 

  1. ZANSHIN : état d'être où l'esprit est totalement vigilant et pleinement conscient de son environnement. L'esprit n'est attaché à rien et est totalement présent dans chaque geste, ici et maintenant. Concept que l'on retrouve beaucoup dans les arts martiaux japonais.

 

 

Prière

 

Seigneur Jésus, inonde-moi de ton Esprit et de ta Vie. Prends possession de tout mon être, pour que ma Vie ne soit qu'un reflet de la tienne. Rayonne à travers moi, habite en moi, et tous ceux que je rencontrerai pourront sentir ta présence auprès de moi. En me regardant, ils ne verront plus que toi seul, Seigneur !

 

Demeure en moi et alors je pourrai, comme toi, rayonner, au point d'être à mon tour une lumière pour les autres, lumière, Seigneur, qui émanera complètement de toi. C'est toi qui, à travers moi, illuminera les autres. Ainsi ma vie deviendra une louange à ta gloire, la louange que tu préfères, en te faisant rayonner sur ceux qui nous entourent, par la plénitude éclatante de l'amour que te porte mon cœur. Amen.

 

Cardinal John Newman (1801-1890), d'abord prêtre anglican et professeur à Oxford avant de se convertir au catholicisme.

 

 

 

Texte à méditer

 

Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde, par lui, soit sauvé. Celui qui a foi en lui n’est pas jugé. Celui qui n’a pas foi en lui est déjà jugé, parce qu’il n’a pas eu foi dans le Nom du Fils Unique de Dieu. Or voici en quoi consiste le Jugement : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises. Quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées. Mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres sont faites en Dieu.

 

Evangile selon saint Jean 3, 17-21

 

 

Brèves nouvelles de la communauté

 

 

  • Du 9 au 16 avril, la semaine sainte et Pâques voient la communauté s’agrandir de tous ses membres et s’entourer de beaucoup de ses amis. Cette grande fête a rassemblé cette année plus de cent personnes la nuit de la Résurrection et a été un beau moment de prière, de fraternité et de joie pascale.

 

  • Le 25 avril nous avons fêté l’anniversaire de père Alphonse.

 

  • Le 28 avril : visite au skit du Saint-Esprit en région parisienne pour admirer l’œuvre du grand iconographe Grégoire Krug et prier sur sa tombe.

 

  • Louise-Marie a fait une nouvelle chute et s’est brisée le poignet. Les souffrances s’enchaînent aux souffrances, merci de la soutenir de votre prière !

 

 

En mai,

vous pourrez vivre à Béthanie

             

  • Do-in, eutonie et méditation

La paix du cœur est la condition de la rencontre avec le divin en nous. Par des exercices simples, au repos et en mouvement, nous développerons notre conscience corporelle et favoriserons les processus naturels de régulation et de régénération de notre organisme. Ainsi nous créerons les conditions de l’ouverture à l’espace apaisé en nous, source de notre vitalité.

 

Du 13 mai (9h) au 14 mai 2017 (16h30)

 

  • PENTECÔTE

Cette fête accomplit la Création et inaugure la plénitude des temps. L’Esprit désormais « est partout présent et remplit tout ». Célébration des Vêpres le samedi, des Tierces Solennelles et de la Divine Liturgie le dimanche.

 

A partir du 3 juin (18 h) au 4 juin 2017 (à partir de 14 h)         

              

  • RENCONTRE AVEC JEAN-YVES LELOUP

Saint François se levait chaque matin pour chanter au ciel – même par temps d’orage – qu’il était beau. Le poète et mystique Rûmi se levait chaque matin pour « danser avec les atomes » à la gloire de l’Un. Tous les deux invitent à prendre soin de la terre, des eaux et de tout ce qui nous environne. Saint François est chrétien, Rûmi est musulman, l’un et l’autre sont frères de l’univers, chantres de la création où se reflète en traits de sang et de lumière la Présence de l’Être Aimé. Marcher sur leurs traces, c’est entrer dans une pratique spirituelle de l’écologie et vivre notre relation au monde comme une théophanie.

  •  

Du 10 juin (9 h) au 11 juin 2017 (16h30)       session complète

 

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