La Lettre de Béthanie N° 141
Chers Amis,
Le carême se termine ! Nous avons sans doute travaillé sur nous-mêmes, un peu, beaucoup, passionnément, dès la première heure ou à la onzième heure c’est selon. Maintenant nous allons passer à autre chose. L’ascèse est utile, nécessaire même, c’est l’expression de notre volonté, de notre liberté, mais cela ne suffit pas. Il faut la synergie entre elle et l’action de Dieu, et c’est pourquoi il nous faut maintenant suivre Jésus pas à pas. Il ne faut plus s’occuper de nous, mais de Lui et de Lui seul qui prend le chemin de Jérusalem, c’est-à-dire de notre cœur, pour y faire lever la pâte de notre humanité. Pour cela il va traverser la mort, la vaincre et nous ressusciter du fond de notre tombeau.
Ce dimanche, montons avec Lui à Jérusalem. La liturgie nous propose de vivre cette entrée de Jésus, le rabbi de Galilée, dans Yeroushalaïm en liesse, dans Jérusalem en fête, dans la ville de la paix. Il entre en triomphateur ayant montré à la foule, en ressuscitant Lazare, qu’il a le pouvoir sur la mort et qu’il peut susciter la vie, même dans un cadavre de quatre jours. On savait qu’il pouvait faire des prodiges, guérir des malades, commander aux éléments et même ressusciter des morts, mais tout cela s’était généralement passé au loin, en Galilée.
Aussi quand on l’a vu ressusciter Lazare, à Béthanie, à deux pas de Jérusalem, en présence des Judéens, de gens sérieux, instruits, qui ne racontent pas n’importe quoi, le regard a changé. Lazare, un notable, un érudit de la Thora, un véritable israélite, au dessus de tout soupçon, que tout le monde connait, était mort. C’était de notoriété publique et voilà qu’il a été ressuscité par Jésus. Du coup, beaucoup de Judéens se sont mis à croire que c’était vraiment le Messie, qu’Il était vraiment l’Envoyé d’Adonaï pour sauver Israël des mains des Romains.
L’enthousiasme d’une foule, c’est extraordinaire, cela s’enflamme tout d’un coup, c’est comme un raz de marée, ça emporte tout… mais c’est versatile. Aujourd’hui c’est « vive Jésus » : Hosanna au plus haut des cieux, Hosanna c‘est-à-dire : Secours-nous ! Plus qu’une louange, hosanna c’est un appel au secours, mais demain ce sera : crucifie, crucifie-le ! C’est pourtant la même foule, une foule versatile, une foule déçue, parce qu‘elle n‘a rien compris. Et cette foule c’est mon âme, ma psyché ! Elle monte vite, elle descend encore plus vite. Elle change tout le temps, ne prend pas le temps de s’arrêter pour comprendre, c’est mon âme, c’est moi !
Jésus lui ne change pas, Il est le même hier, aujourd’hui, demain. Il sait ce que pense la foule, ma foule. Elle veut un roi pour chasser les romains. Mon âme aussi veut un roi qui la sécurise, qui opprime les autres, qui lui fait croire qu’elle a toujours raison, qu’elle est la meilleure. Mon âme est pleine d’orgueil, de besoins d’être reconnu, de désirs matériels. Tout ça c’est rassurant, réconfortant, et pourtant divise mon royaume, mon cœur, contre lui-même. Prendrai-je mon ego comme roi ou utiliserai-je mon esprit pour entendre comment et où Dieu veut me guider ?
Dieu essaye encore, une fois de plus, de suggérer autre chose à la foule, de suggérer autre chose à mon âme. Aussi n’arrive-t-Il pas à Jérusalem sur un char ou sur un cheval comme César rentrant à Rome pour son triomphe ! Il ne veut pas qu’il y ait confusion. En pédagogue, Il essaie encore une fois de m’emmener sur un autre chemin. Pour cela, Il va arriver à Jérusalem sur un ânon, le petit d’une ânesse, au milieu des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, c’est-à-dire au milieu de ceux dont Il a dit lui-même qu‘il fallait les laisser venir à Lui, et plus encore, qu’il fallait redevenir comme eux pour entrer dans le royaume de Dieu, redevenir des êtres simples, au sens d’unifiés, par opposition à multiples, des êtres à la pensée une, unique, des êtres de l‘instant présent.
Le libérateur arrive sur un ânon et non sur un cheval. Son combat n’est pas celui d’un guerrier mais celui de l’écouteur. Son message est un message de douceur, de paix, d’humilité, de confiance, d‘écoute. Combien de fois n’a-t-il-pas essayé avec mon âme ? Combien de fois ne lui a-t-il pas suggéré de ne pas prendre pour roi mon ego, mais mon esprit, celui qui est porteur du divin, porteur du Verbe divin, de Jésus.
C’est Lui, s’il est sur l’ânon qu’est mon esprit, qui va me libérer des romains que sont toutes ces passions qui m’encombrent, de ce multiple effroyable, de ce brouhaha qui obscurcit mon cœur. C’est Lui qui va me permettre de traverser la mort car Il l’a vaincu sur le Golgotha en l‘embrassant de tout son être. C’est Lui qui va me ressusciter car Il est sorti du tombeau victorieux ! Suivons-Le ! Donnons-Lui toute la place cette semaine, oublions-nous et pas à pas suivons l’ânon qui porte le Verbe. Suivons-Le de Jérusalem jusqu’au Golgotha, du tombeau aux lieux des apparitions où Il nous surprendra.
Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !
Père Pascal
Prière
Je voudrais tellement déverrouiller la porte de ma prison dont je serre moi-même la clef ! Donne-moi le courage de sortir de moi-même. Dis-moi que tout est possible à celui qui croit. Dis-moi que je peux encore guérir, dans la lumière de ton regard et de ta parole.
Augustin d'Hippone (354-430), "De Trinitate".
Texte à méditer
« Le moine est un homme qui prie pour le monde entier... Le Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, donne au moine l'amour du Saint-Esprit, et cet amour remplit le cœur du moine de douleur pour les hommes, parce qu'ils ne sont pas tous sur la voie du salut. Le Seigneur lui-même fut à tel point affligé pour son peuple, qu'il se livra à la mort de la Croix… C'est grâce à de tels hommes, je pense, que le Seigneur garde le monde, car ils sont précieux aux yeux de Dieu ; Dieu, en effet, écoute toujours ses serviteurs humbles et, nous tous, nous vivons en paix grâce à leurs prières. Le monde subsiste grâce à la prière, mais quand la prière faiblira, alors le monde périra... Tu diras, peut-être, qu'il n'y a plus maintenant de ces moines qui prient pour le monde entier ; mais, moi, je te dirai que lorsqu'il n'y aura plus sur terre de tels hommes de prière, alors ce sera la fin du monde, de grandes calamités s'abattront sur lui ; et il y en a déjà maintenant.
Saint Silouane l’Athonite, 1866-1938
Brèves nouvelles de la communauté
Ce premier trimestre a été fertile en évènements pour la communauté de Béthanie. Père Alphonse continue parmi nous son difficile chemin. Il nous a longtemps enseigné cette maxime de Sören Kierkegaard : « Ce n'est pas le chemin qui est difficile mais le difficile qui est le chemin. » Aujourd’hui, il nous dit très souvent : « Que Sa volonté soit faite ! »
- Le 10 décembre, père Francis et sœur Barbara ont invités à l’Ecole de Yoga de Metz pour présenter le christianisme.
- En janvier, nous avons fêté le dixième anniversaire du sacre de notre évêque, Mgr Grégoire, en présence de Mgr Martin de l’Eglise orthodoxe française et d’une délégation de l’Eglise orthodoxe celtique. La liturgie pontificale d’action de grâce, une conférence de Mgr Grégoire sur l’Eglise et un concert du Duo Quigne (Flûte et guitare) ont nourri, corps, âme, esprit, nos réjouissances.
- Sœur Barbara est partie en retraite au monastère orthodoxe de Solan près d’Uzès, monastère de femmes fondé par le père Placide Deseille et rattaché au monastère Simonos Petra du Mont-Athos : une expérience de la vie athonite !
- En février, le premier jour du mois, nous avons accueilli à notre table Jo Spiegel, maire de Kingersheim en Alsace. Nous avons eu de beaux échanges sur la place du transcendant et de la spiritualité dans l’action politique, la pratique de la démocratie participative et la vie de la communauté.
- Le 11 février, nous sommes allés célébrer la Divine Liturgie au temple d’Andolsheim près de Colmar pour nos amis alsaciens. Nous y avons été accueillis chaleureusement par l’Eglise luthérienne et son pasteur Danielle Schwendimann.
- Le 20 février les enfants de la paroisse ont vécu parmi nous un beau carnaval sur le thème de la paix, ouvrant ainsi leur cœur au retournement auquel nous appelle le carême.
- Les 25 et 26 février, nous avons accueilli les membres de l’atelier d’iconographie catholique des sœurs cisterciennes bernardines de Lille, venus découvrir Béthanie, ses fresques, sa liturgie orthodoxe, sa vie et la communauté. Deux journées d’échanges fournis.
- Benjamin est parti quinze jours aux Etats-Unis, invité par l’évêque Paul de l’Eglise orthodoxe celtique. Il y a fait de belles et riches rencontres avec des américains d’autres confessions mais aussi d’autres traditions notamment amérindiennes.
- Louise-Marie a fait une chute et s’est brisé un os du bassin. Alitée pendant plusieurs semaines, elle commence seulement à se relever et à faire ses premiers pas. Beaucoup de souffrances, de courage et de patience de sa part !
- En mars, père Pascal est invité par l’Atelier du passage Bleu de Nancy à parler de l’hésychasme et de la prière de Jésus.
- Les 11 et 12 mars, à l’invitation de Mgr Martin, Père Francis, Madeleine et sœur Barbara sont allés au monastère orthodoxe de saint Michel du Var pour animer une session sur le « Hara ».
- Les 15 et 16 mars, visite d’une équipe de la Fraternité du Serviteur souffrant venue préparer sa retraite d’août à Béthanie. Cette fraternité internationale, fondée par le prêtre Freddy Kuntz, est native du Brésil et fait la première place aux « derniers » de l’Eglise, aux humbles et aux pauvres.
En avril-mai,
vous pourrez vivre à Béthanie
- Semaine sainte et nuit Pascale
De l’onction à Béthanie (mercredi saint) au matin de Pâques, nous mettons nos pas dans ceux de Jésus pour le suivre à travers sa Passion et sa Mort jusqu’à sa Résurrection. Jours de jeûne.
À partir du 12 avril (18h) au 16 avril 2017 (à partir de 14h)
- Approche pour la création d’une icône
Cette session est hélas annulée car sœur Elisabeth a été victime d’un grave accident de santé. Nous prions tous pour elle et lui souhaitons un rapide rétablissement.
Du 28 avril au 1er mai 2017
- À la découverte d’une tradition mystique : le hassidisme
Le hassidisme est né en Europe de l’Est au XVIIIe siècle sous l’inspiration d’un grand mystique: Rabbi Eliézer, surnommé le Baal chem Tov (le Maître de bonne renommée). Son but était de redonner la foi à une majorité de juifs autant ignorants du judaïsme que soumis à de nombreuses oppressions antisémites. Pour ce fondateur, les connaissances étaient moins importantes que la joie de servir Dieu et que la prière qui jaillissait d’un cœur sincère. Nous découvrirons l’histoire et les idées de ce mouvement toujours vivace, surtout en Israël et aux États-Unis.
Du 30 avril (9h) au 1er mai 2017 (16h30)
- Retrouvailles fraternelles autour d’un chantier
Ce week-end sera consacré à l’entretien matériel de Béthanie et à son embellissement à l’intérieur et à l’extérieur. Vos bras et votre enthousiasme seront donc les bienvenus. Merci d’entendre notre appel pour ces retrouvailles dans la prière, le travail, l’amitié et la Divine Liturgie. N’oubliez pas de nous avertir de votre venue.
Du 6 mai (9h) au 7 mai 2017 (16h30)
- Do-in, eutonie et méditation
La paix du cœur est la condition de la rencontre avec le divin en nous. Par des exercices simples, au repos et en mouvement, nous développerons notre conscience corporelle et favoriserons les processus naturels de régulation et de régénération de notre organisme. Ainsi nous créerons les conditions de l’ouverture à l’espace apaisé en nous, source de notre vitalité.
Du 13 mai (9h) au 14 mai 2017 (16h30)
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BETHANIE, Prieuré Notre-Dame et St-Thiébault, 57680 GORZE