La Lettre de Béthanie 132
Chers Amis, Christ est ressuscité !
Avec la résurrection de Jésus tout change ! Quelque chose d’absolument nouveau s’est produit qui change le monde et la situation de l’homme. Aussi est-il nécessaire de prêter une attention vigilante au témoignage de ceux qui ont alors rencontré le Ressuscité.
Ce n’était pas facile à exprimer pour eux, car c’était totalement nouveau et inconnu. Rappelons-nous comment après la Transfiguration de Jésus, aux disciples descendant du Mont Thabor, Jésus leur demande de ne rien en révéler avant sa mort et sa résurrection d’entre les morts. L’Evangile dit que les apôtres se demandaient alors ce que cela pouvait bien signifier : « Ressusciter d’entre les morts ». Ils n’en avaient pas l’expérience, comme nous aujourd’hui !
Alors quand l’ange devant le tombeau ouvert dit : « Il n’est plus ici, Il vous précède en Galilée » et qu’un instant plus tard, voici Jésus lui-même qui se présente aux femmes en leur disant : « Shalom ! ». Elles lui saisissent les pieds, dit l’Evangile. C’est bien Lui, c’est bien son corps, elles le touchent, Il est là !
Dans un autre évangile, Marie Madeleine croit rencontrer le jardinier et elle ne reconnaitra finalement Jésus que lorsqu’Il l’appellera par son nom. Nous verrons aussi Thomas toucher ses plaies alors que Jésus est entré dans la pièce sans avoir besoin d’ouvrir la porte. Un autre récit nous le montrera mangeant avec deux disciples à Emmaüs. Là aussi ils ne le reconnaîtront pas tout de suite, mais seulement quand il va rompre le pain, et alors disparaître à leurs yeux.
Ce n’est pas un esprit, ce n’est pas un revenant, c’est totalement inédit ! Il est là en chair et en os, mais Il est là autrement, d’une manière stupéfiante et complètement mystérieuse pour nous. Nous ne comprenons pas, cela dépasse notre entendement, comme celui des disciples ! D’où vient cette autre réalité de présence ? Il y a comme une mutation, un saut de qualité.
Dans la Résurrection de Jésus, une nouvelle possibilité d’être homme a été atteinte, qui est dans le temps mais en même temps hors du temps, qui est dans l’espace mais en même temps hors de l’espace. Pourtant ce que nous constatons ici n’est que la conséquence de cette résurrection, ce qui change le monde et qu’il faut regarder avec émerveillement, c’est la victoire du Christ sur les forces de la mort.
Quand nous disons que Christ est ressuscité, nous proclamons qu’il a gagné son combat, qu’il est victorieux sur la mort et sur le prince de la mort. Nous avons assisté pendant la Semaine Sainte à ce combat singulier que Jésus a mené pour nous.
Pendant trois jours Il a combattu pour nous, comme David combattait pour Israël face à Goliath. Il a combattu à notre place dans ce combat que nous avons perdu en Adam et Il est monté vers sa Passion volontaire pour vaincre, en tant qu’homme, nouvel Adam, gagnant le combat que nous avions perdu.
Cette victoire du Christ, c’est la victoire de toute l’humanité. Victoire personnelle par laquelle aujourd’hui je sais que je peux dire non à Satan. Je ne suis plus dans ses filets, ni dans ses mains et même s’il me tente et me fait tomber, je peux saisir une autre main, celle du Vainqueur, celle que Jésus me tend pour me tirer de mes enfers.
Christ est vainqueur ! Christ est ressuscité !
Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !
Père Pascal
Texte à méditer
En communiant au corps et au sang du Christ dans l’Eucharistie, nous devenons à notre tour par essence des êtres d’action de grâces et sommes transformés en une pure louange de gloire (Eph 1, 12). Ici est le fondement d’une vie totalement nouvelle, d’un être nouveau. Ainsi toute mon existence peut devenir pascale : par l’action de grâces incessante, je transforme de moment en moment la vie en la Vie, les ténèbres en Lumière ; des situations de mort jaillit la vie, comme à l’Eucharistie : le pain et la vin deviennent le corps et le sang du Christ ressuscité.
Si le Christ a dit, après l’institution de l’Eucharistie : « Faites ceci en mémoire de moi », c’est qu’Il se rend vraiment présent par l’action de grâces, et cela non seulement dans la célébration, mais dans toute la vie, en tant que manière d’être. Le Christ est notre Pâques et Il est venu pour nous apprendre à vivre pascalement, en nous unissant à Lui. La Pâques, c’est la mort et la vie en une seule réalité. Le Christ n’écarte pas la mort pour la remplacer par la vie, Il transforme la mort elle-même en vie. C’est pourquoi, mourir, pour Lui, est une « gloire » (Jn 17,1). Et lorsque nous faisons nôtre ce message, quand nous rendons gloire à Dieu par l’action de grâces, la pendule de mon horloge ne me dit plus à chaque battement : « Tu meurs… ! », mais : « Tu ressuscites… ! ».
Père Alphonse Goettmann
Prière
Seigneur mon Dieu, je chante pour toi sur ton sépulcre une hymne d’adieu : par ta mise au tombeau tu m’ouvres les portes de la vie, détruisant la mort et l’Enfer par ta mort.
Au ciel sur un trône, ici-bas gisant dans le tombeau, Dieu Sauveur, tu ébranlas par ta mort les puissances du ciel et de l’enfer contemplant le spectacle inouï du Créateur couché dans la mort.
Pour que de ta gloire fût rempli tout l’univers, au plus profond de la terre tu es descendu ; et là je n’ai pu te cacher ma nature déchue en Adam, mais ta sépulture me renouvelle, Seigneur ami des hommes.
En étendant les bras sur la croix, tu réunis tes enfants dispersés ; enveloppé d’un linceul dans le tombeau, tu délivres, ô Sauveur, les captifs et ils s’écrient : Nul n’est saint comme toi, ô notre Dieu.
O Verbe, la chair que tu avais assumée te fut enlevée sans que tu en sois séparé ; à l’heure de ta passion, le temple de ton corps fut détruit, mais ta divinité reste unie à ta chair : en l’une et l’autre tu es l’Homme-Dieu, le Fils et le Verbe de Dieu.
Pour se soumettre à la loi de la mort, l’universelle Vie accepte d’être mise au tombeau et le sépulcre devient la source le la Résurrection : c’est pour notre salut ; chantons-lui : Toi qui nous sauves, Seigneur, tu es béni.
Extraits des odes du Samedi Saint du rite byzantin