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Publié par Centre Béthanie

Une parole qui ouvre sur le sens de la vie

Matthieu 22, 15-21

Les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas la différence entre les gens. Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’argent. Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? - De l’empereur César », répondirent-ils. Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Une parole qui ouvre sur le sens de la vie

Homélie du Père Bernard Goublomme de Bruxelles

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Dieu et César (Mt 22, 15-22) 
22ème dimanche après la Pentecôte

 

Aujourd’hui,  nous sommes devant un évangile dont le thème est devenu un proverbe. ‘ Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.’ Certains ont vu dans cette sentence la justification de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.  

Peut-être ont-ils raison de le vouloir lorsqu’on voit les dérives  que l’intégrisme religieux peut apporter dans nos sociétés. Vous savez aussi qu’a cette époque pour les juifs, le messie attendu était celui qui viendrait  chasser les romains de Palestine et établir un gouvernement temporel basé sur la loi que Yahvé avait donnée à Moïse et que s’appropriaient les grands prêtres et les scribes.

Ainsi, Le Christ les dérange car Il n’hésite pas en mettre en lumière les dérives qu’ils prennent avec la loi. Le passage que nous venons d’entendre suit la parabole des vignerons homicides, qui plutôt de rendre au propriétaire le fruit de la vigne dont ils sont les ouvriers, vont jusqu'à tuer le fils du propriétaire pour s’approprier ses biens.

Et les grands-prêtres comprennent que la parabole s’adresse directement à eux qui s’approprient et interprètent pour leur compte la loi de Moïse.  Et ils veulent dès lors faire taire Jésus qui les dérange.

Mais ils ne veulent pas se salir les mains et s’associent avec les hérodiens qui représentent ce qu’ils combattent, l’occupant Romain. Ils vont alors lui poser une question piège, un catch 22 comme on dit en anglais.

C'est-à-dire que la question est insidieuse car la réponse conduit toujours à ce faire mal voir ou condamner d’une manière ou d’une autre. Dans la question ici : « Est-il permis ou non de payer l’impôt à César ? », si Jésus répond ‘oui’, Il passera aux yeux de la foule comme un collaborateur des romains, et pour les juifs les romains c’est l’envahisseur, et s’Il répond ‘non’, Il passera pour les hérodiens- les hommes d’Hérode qui gouvernent la Judée pour le compte de Rome- comme un opposant et Il sera arrêté pour incitation à la rébellion face à l’autorité en place.   
 

Mais Jésus ne tombe pas dans le piège. Et à cette question qui demande à priori une réponse duale, oui ou non, Jésus va dans une 3ème voie. 3ème voie qui va d’ailleurs les rendre admiratifs. D’abord, malgré la flatterie dont ils font preuve à son égard lorsqu’ils L’abordent pour lui poser la question, Il leur montre qu’Il n’est pas dupe de leur perversité : «Pourquoi me mettez-vous à l’épreuve, Hypocrites».

Et Il profite à nouveau  de leur question pour parfaire son enseignement et rappeler la destinée de l’homme. Il leur dit : «de qui est cette image, cette effigie?»

Sur la pièce de monnaie, c’est celle de César, et nous pourrions nous demander comme saint Hilaire, mais qu’est la monnaie de Dieu? Sur qui Dieu a t’il frappé son image? Et si vous avez lu le premier chapitre de la Genèse, vous connaissez la réponse : « Faisons l'homme à notre image… Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu (Ge 1, 26-27) »  
Jésus continue alors en disant cette fameuse sentence : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Et pour bien la comprendre, il est important de s’arrêter sur le premier mot ‘Rendez’. Si je dois rendre, c’est que j’ai reçu quelque chose. Et qu’est-ce que j’ai reçu ? 

 

Ce que nous recevons de César, nos chefs d’état, c’est la gestion de l’état, ses lois, sa justice, son administration, ses routes, sa sécurité sociale,... et en échange nous sommes invités à payer des impôts pour le bon fonctionnement de cet état. N’entrons pas dans la question de savoir si la gestion est bien faite ou non, mais le principe de l’impôt s’inspire de ce donnant-donnant entre  le peuple et ses dirigeants.
 

Et qu’avons-nous reçu de Dieu ? La vie, la nature, l’intelligence, Oui. Mais surtout et avant tout son amour. Et ce que nous sommes invités à lui rendre, c’est son amour, c’est à l’image de la trinité de faire circuler l’amour, de le faire danser. «La seule vocation de l’homme c’est d’aimer» écrit Père Alphonse et Rachel (sagesse et pratiques du Christianisme).

Et ils continuent : ‘‘Si l’homme est ‘à l’image de Dieu’, et ‘fait pour lui ressembler’, c’est que le fond de l’homme est amour et sa destinée, d’aimer toujours plus.’’  
 

Cette vigne qu’un homme a plantée  et qu’il a donnée à des intendants pour l’exploiter, c’est l’amour de Dieu qu’il  nous donne sans cesse et que nous sommes appelés à répandre, pas à garder pour nous. Les vignerons homicides dont je parlais au début,  c’est nous lorsque nous refusons de rayonner l’amour de Dieu, autour de nous. Les talents de la parabole des talents, c’est l’amour que nous avons reçu de Dieu et que nous sommes invités à faire fructifier.

Ce que Dieu nous demande de lui rendre, c’est les fruits que nous allons produire si nous vivons dans, par et avec son amour. 
 

Et nous comprenons alors que Dieu ne nous demande pas de choisir entre César et Dieu, de séparer le matériel du spirituel, l’état de l’Eglise, mais qu’au contraire pour le chrétien, celui qui vit avec le Christ, l’un et l’autre sont intimement liés.  

Rendre à César ce qui lui appartient est juste, parce que si l’amour est à la base de ma façon d’être, de vivre ma vie, je mettrai aussi la justice, la joie, la paix dans ma vie d’hommes et de femmes dans le monde, où que je sois et quel que soit ce que je fais.

Et ce faisant, je rendrai à Dieu ce qu’il m’a donné par son Fils et qu’il continue à me prodiguer tous les jours par son Esprit-Saint, la force de son amour.  
 

A lui soient honneur, gloire et louange, Amen.
Père Bernard 19/10/2015

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