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Publié par Centre Béthanie

La Lettre de Béthanie 118
Gorze, décembre 2014

Chers Amis,

 
Nous voilà déjà à la fin du temps de l’avent ! Je devrais plutôt dire nous voici presque au sommet du temps de l’avent. Car c’est bien d’une montée dont il s’agit, que nous avons effectué jour après jour, semaine après semaine pour atteindre, paradoxalement, le fond de la grotte où naîtra dans quelques jours le Messie : Dieu descend, se fait homme pour que l’homme monte, devienne dieu.
 
Pour atteindre ce fond de la grotte de notre cœur, les sept derniers jours avant Noël à vêpres, l’Eglise médite et acclame les Noms divins du Messie, du Dieu incarné. L’Eglise primitive en Gaule a inventé ces antiennes. C’est un trésor qui date sans doute au moins du 6e siècle, puisqu’Amalaire de Metz le grand liturge carolingien en témoigne au 9e siècle comme d‘une tradition très ancienne.
 
Il est bon que spirituellement nous prenions conscience de cette montée, de cette extase amoureuse qui, dans ces antiennes, fait jaillir pour le bien aimé des noms plus beaux les uns que les autres : O Sagesse, O Adonaï, O Rejeton de Jessé, O Clef de David, O Orient, O Roi des Nations, O Emmanuel et le jour béni de l’incarnation : O Jésus !
 
Nos frères musulmans, fils d’Abraham comme nous, ont donné 99 noms à l’Unique; et pendant un temps ces antiennes étaient au nombre de douze comme les douze tribus d‘Israël, les douze portes de la Jérusalem céleste, les douze prophètes, les douze apôtres puis finalement la tradition en a retenu sept seulement mais le sept est un chiffre très signifiant, un chiffre de plénitude, des sept jours de la création aux sept dons de l’Esprit, il est présent sur nos autels par le chandelier à sept branches dont nous allumons à chaque Nom divin une autre veilleuse et il se dépasse lui-même dans le huit. Le huitième jour, jour de la résurrection après les sept jours de la création et ici dans le huitième nom, le nom de « Jésus », nom de l’incarnation parfaite de la divinité qui couronne les sept Noms divins.
 
Chaque antienne est construite sur le même plan : Une interpellation de Dieu sous un nom révélé par la première alliance, un rappel de sa façon d’être dans l’histoire de cette alliance et un appel à ce qu’Il agisse sans tarder pour notre libération.
 
Ainsi regardons le 2e Nom divin. Tout d’abord : « O Adonaï, Chef de la maison d’Israël », on interpelle Dieu, puis sa façon d’être : « toi qui es apparu à Moïse dans la flamme du buisson ardent et qui lui a donné la Thora sur le Mont Sinaï », enfin, on l’appelle : « Viens et ne tarde pas, viens nous racheter en étendant ton bras. » Et c’est ainsi pour chacun des noms.
 
Sans entrer dans le détail, ce qui serait pourtant très intéressant, regardons maintenant brièvement chaque nom :
 
- O Sagesse, c’est tout un livre de la première alliance, le Livre de la Sagesse et même trois livres avec le Qohelet et le Siracide, auquel il est fait référence; pour le judaïsme, la Sagesse c’est la Thora, le Verbe mais c’est aussi pour l’humanité toute entière, toutes les sagesses ancestrales et les philosophies dans lesquelles Dieu cherche à se révéler à nous…
 
- O Adonaï, c’est la révélation sur le mont Sinaï, Dieu se montre dans la flamme d’un buisson qui ne se consume pas, se nomme dans le nom qui ne se prononce pas : YWVH, « Je suis »
 
- O Rejeton de Jessé, le rejeton, le fils de Jessé c’est David c’est le beau roi d’Israël, mais c’est aussi le roi annoncé par Isaïe, le roi serviteur souffrant qui sera exalté. Le rejeton, la racine de Jessé c’est la croix, signe de mort et de résurrection.
 
- O Clé de David, autre nom pour cette même croix glorieuse qui ouvre et qui ferme, cette croix qu’est la Parole, le Verbe, le sceptre de la maison d’Israël qui tire des ténèbres le captif alors oui nous passons des ténèbres à la lumière et nous pouvons chanter :
 
- O Orient, splendeur de la lumière éternelle, Soleil de justice. C’est vers Lui que nous construisons symboliquement nos Eglises afin de tourner nos cœurs vers Lui. O Orient nous le chantons, ce n’est pas un hasard le 21 décembre, jour du solstice d’hiver où les jours recommencent à augmenter.
 
- O Roi des Nations, leur désiré. C’est le roi universel, pas seulement celui d’Israël, pas seulement celui des chrétiens, « pierre angulaire qui de deux peuples en fait un seul, » dit l’antienne mais au-delà des Juifs et des Chrétiens c’est le Dieu de tous, le Dieu de toutes choses car il a tout fait, comme l ‘homme « qu’il forma du limon ». Toute la création soupire dans ce nom de « leur désiré », oui ici les Nations c’est toute la création dont l’homme est le roi et qui soupire pour être sauvée.
 
- O Emmanuel, le frémissement se fait plus intense encore car, comme nous l’apprend Isaïe et le reprend l’évangile selon Saint Matthieu, Emmanuel veut dire : « Dieu avec nous. » La révélation est presque totale : Dieu est avec nous. Chaque nom est un escalier, un degré pour nous rapprocher de cette révélation phénoménale que « Dieu est avec nous » et déjà perce l’ultime révélation dans cette septième antienne : « O Emmanuel, notre roi et notre libérateur, attente des nations et leur Sauveur… » Oui leur Sauveur, aux vigiles de la Nativité comme huitième antienne nous chanterons enfin O Yeshoua, O Jésus, c’est-à-dire littéralement : O Dieu sauve.
 
Pour nous captifs, dans les ténèbres, quelle révélation extraordinaire : Dieu sauve ! Non seulement Il est avec nous mais Il nous sauve ! Et dans cette échelle de ces Noms divins Il nous montre comment Il nous sauve. Oui, relisons les et méditons les, ces antiennes, contemplons à travers elles notre Dieu, contemplons son action pour nous libérer et faisons nôtre cette sainte impatience, « ne tarde pas », qui revient à chaque antienne. Oui, ne tarde pas, maranatha ! Viens Seigneur Jésus, viens !
 
Je vous dis toute mon amitié en Christ,
Belle fête de la Nativité du Sauveur, à bientôt !
 
Père Pascal
 

Prière

Pendant que le silence enveloppe tout,
et que la nuit est au milieu de sa course,
Ton Verbe Tout-Puissant s’élance du trône royal
et descend des cieux.
Alors on appellera Marie "Trône du Seigneur“
Et toutes les nations s’assembleront au nom du Seigneur !
 
Hymne à la Vierge Marie Mère de Dieu
 
Texte à méditer
 
L'amour consiste non à sentir qu'on aime, mais à vouloir aimer.

Quand on veut aimer, on aime ; quand on veut aimer par-dessus tout, on aime par-dessus tout.

S'il arrive qu'on succombe à une tentation, c'est que l'amour est trop faible, ce n'est pas qu'il n'existe pas.

Il faut pleurer, comme saint Pierre, se repentir comme saint Pierre..., mais comme lui aussi, dire par trois fois : « Je vous aime, je vous aime, vous savez que malgré mes faiblesses et mes péchés, je vous aime » (Jn 21,15s).


Quant à l'amour que Jésus a pour nous, il nous l'a assez prouvé pour que nous y croyions sans le sentir.


Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), 
ermite au Sahara.
Lettre du 15/07/1916 
(Œuvres Spirituelles, Seuil 1958, p. 777)
 

 

 

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